Dans une vidéo passée inaperçue du grand public depuis sa mise en ligne le 9 novembre dernier, Renaud Camus appelle désormais à préparer la guerre, qu’il conçoit comme la seule alternative à la «soumission» et à la substitution ethnique qui nous menacerait. L’ennemi qu’il désigne ce sont les immigrés, qu’il assimile à des forces de colonisation.
Bien sûr le caractère délirant de cet appel à la guerre et à l’expulsion d’une partie de la population ne fait pas de doute. Il est d’ailleurs significatif de voir la droite extrême utiliser les mêmes stratégies que les islamistes qu’elle est pourtant censée avoir pour contre-modèle absolu. Ainsi ici les symboles de la République et de la résistance sont détournés au service d’un projet qu’aucun authentique résistant n’aurait défendu. Ce dévoiement des idéaux de la résistance et du gaullisme, via la référence au Conseil national de la résistance et l’emploi du registre de l’occupation nazie, est utilisé sans aucune retenue, pour désigner l’étranger qu’il nomme «l’occupant» et en appeler à son rejet.
Cette vidéo appelle pour ce faire à la constitution d’une organisation dont l’objet est d’œuvrer à la remigration des populations en Europe selon des logiques ethniques ou à préparer la guerre au cas où cet appel ne serait pas entendu. Ces mots sonnent comme une gifle terrible. Au-delà de l’éventuelle qualification pénale de ces faits, dont il appartiendra aux autorités de décider, Viv(r)e la République ne peut que condamner au même titre qu’elle condamne le totalitarisme islamiste, de tels messages de haine et de tels appels à la partition du Pays. L’universalisme et le rejet de toute forme d’essentialisation ne sont pas négociables.
Dans cette vidéo que nous ne partagerons pas, Camus affirme très précisément :
« On ne met pas fin à une occupation sans le départ de l’Occupant. Il n’est d’autre issue que la remigration. Les mêmes qui la déclarent impraticable veulent faire venir en Europe quarante millions de migrants, quand ce n’est pas deux cents millions. Ils proclament l’homme entré dans une ère de migration générale. Qu’il migre et remigre, alors. Ce qui est possible dans un sens doit bien l’être dans l’autre, avec plus de moyens et de douceur. »
Puis :
« L’heure n’est plus à la politique, aux élections, aux partis. 2022 est trop loin, le changement de peuple sera alors trop avancé, les remplaçants seront les arbitres de la situation, à moins qu’ils n’en soient tout à fait les maîtres. Et il n’y a, de toute façon, aucune chance de l’emporter jamais à un jeu dont l’adversaire possède toutes les cartes et dont il a fixé toutes les règles. »
Pour conclure :
« (…) tous les Français et tous les Européens qui pensent comme nous sont invités à se mettre en relation avec nous et à nous apporter leur soutien. L’objectif est de constituer une force telle qu’il soit, dans l’idéal, inutile de s’en servir
Cela dit, si par malheur il se trouvait que la seule alternative qui nous fût laissée soit la soumission ou la guerre, la guerre alors, cent fois. Elle n’aurait d’ailleurs rien de civil, malgré le nombre des collaborateurs et des traîtres».
Ce message ne doit pas être pris à la légère. Il doit nous alerter sur les conséquences prévisibles de l’abandon par nos dirigeants de questions certes difficiles, mais qu’il ne faut jamais délaisser.
À l’heure où il se lit dans la presse que l’actuel Président de la République ne souhaiterait pas investir les thèmes qui nous sont chers et tiennent à la République, à la liberté, à l’égalité, à la laïcité, à la lutte contre toutes les formes d’obscurantisme et d’intégrisme ; nous l’appelons, au contraire, à en faire un véritable chantier de son quinquennat.
Parfois, ce sont les événements qui commandent aux hommes et aux femmes et c’est l’intérêt supérieur d’un pays qui leur demande d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Aux quatre coins d’Europe, des groupes identitaires se forment. En Pologne, ce sont des groupes où s’entraînent à l’usage des armes de guerre de jeunes français, réunis autour de l’idéologie totalitaire de l’extrême droite et de ses meilleurs mécènes.
La montée de l’islamisme et des théories favorisant la haine raciale, qu’elles émanent de l’extrême-droite ou de l’extrême gauche est d’une ampleur mondiale incontestable. Face à l’essor qui parait irrésistible du totalitarisme islamiste, se créent des courants de pensée et, nous le craignons, demain d’action, tels que ceux portés par Renaud Camus, qui sont leur exact jumeau.
Si rien n’est fait et si l’islamisme n’est pas combattu pour ce qu’il est, nous devrons alors combattre la montée en puissance des thèses identitaires d’extrême droite de plus en plus violentes et dangereuses tandis que notre pays et notre continent assistent à une décomposition sans précédent des clivages politiques, cumulée au déficit d’adhésion populaire des gouvernements constitués et à l’absence de perspectives collectives. Cette situation doit être à tout prix évitée.
S’il est bien une cause qui pourra nous rassembler tous, c’est le refus de voir s’imposer comme une alternative politique le recours à la force et à la violation de tous nos principes républicains.
Hier, l’extrême droite, appelait au meurtre du Général de Gaulle. Elle vient piétiner sa tombe et violer sa mémoire une seconde fois. Elle appelle aujourd’hui à la guerre dans la honte en brandissant la mémoire de celui qui l’a terminée dans l’honneur.
Ne la laissons pas faire. Elle ne saurait être un recours contre l’islamisme alors qu’elle en emprunte l’hideux masque du racisme, de la violence politique et du refus de la démocratie.
Communiqué : https://www.cnre.eu/camus-colombey du 09 novembre 2017.