Lundi 9 avril, le Président de la République, au pretexte de l’impérieuse nécessité de sauver la cohésion nationale, vient de nous faire prendre un bien mauvais chemin. Le problème de ceux qui nous représentent quand ils manquent de discernement, c’est qu’ils nous entraînent tous dans leur impasse.
À Viv(r)e la République, nous pressentions que ce Président, à l’image d’une classe politique égarée entre incompréhension de son rôle, méconnaissance de ses devoirs, manque de courage, se perdrait dans ce qui fait le lit de l’intégrisme et de la violence politique : la démission de la République. Le Président Macron ne fait plus la différence entre aspiration individuelle à la spiritualité et exercice de la citoyenneté alors que son rôle est de renforcer le commun républicain, celui qui permet à toutes et tous de partager des solidarités et de vivre ensemble au-delà de leurs particularismes.
Emmanuel Macron a considéré que c’était en renforçant les liens entre la République et l’Eglise que nous améliorerons la cohésion nationale.
De fait, il a institué les églises comme des corps intermédiaires de la Nation. Or, notre histoire comme notre présent nous démontrent à quel point les religions quand elles cherchent le pouvoir politique sèment plus la haine et la violence que la concorde entre les êtres humains.
La laïcité, ce n’est pas la guerre aux religions. Mais ce n’est certainement pas le dialogue des religions, érigé en morale publique.Confier la paix à ce qui amène la guerre dans les esprits, c’est amener inévitablement la discorde dans le malheur.
La spiritualité n’a nul besoin de prendre le pouvoir pour épanouir les êtres qui font usage de leur Liberté.
Croire ou de ne pas croire, changer de croyance, est un geste de liberté qui n’a nul besoin de ministère et d’organisation par nos institutions. Car alors, c’est un geste politique dont on parle et c’est mêler le fait religieux aux affaires de la cité. C’est violer à coup sûr nos principes et dévoyer notre Constitution.
Hier le Président de la République en affirmant que « Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer » a perdu le fil de sa mission.
Celle d’un chef républicain et un garant des institutions.
C’est au moment où l’entrisme de l’intégrisme religieux menace comme jamais le monde, que ceux à qui nous avons confié la mission de nous représenter nous trahissent en se mettant à genoux dès qu’ils en ont l’occasion. Pour aller où ? Avec quel projet collectif ? Et avec qui ?
On aborde là un trait distinctif d’Emmanuel Macron, l’illusion. A la lecture, dans ce discours pompeux, la provocation gratuite le dispute à l’absence de sens et de responsabilité. Une seule chose subsiste, un rejet des laïques et de la laïcité très inquiétant à l’heure ou Dieu est mis à toutes les sauces pour justifier le terrorisme, le meurtre, la restriction des libertés individuelles.
De l’art de se tromper de combat et de faire des trous dans la coque.