A Viv(r)e la République, nous travaillons depuis des mois à unir celles et ceux qui pensent que tout ne se vaut pas. Que certains principes doivent envers et contre tout être défendus car ils sont les garants de notre unité au-delà de nos différences. C’est toujours cette volonté de protéger la cohésion nationale en la fondant sur des valeurs universelles qui guide nos actions.

Nous nous inscrivons dans l’histoire longue d’une civilisation qui a montré ce qu’elle pouvait donner de meilleur, sans pour autant faire l’impasse sur les insuffisances et parfois les fautes commises. Mais nous savons que notre modèle bien qu’imparfait est néanmoins celui qui offre les plus grandes libertés et la meilleure sécurité à ses concitoyens. Ceux qui passent leur temps à critiquer ses manquements sont des imposteurs qui ne souhaitent pas une amélioration de la condition humaine, mais sont avant tout guidés par un besoin de revanche et ne veulent le pouvoir que pour assouvir leur haine.
Revanche du noir sur le blanc, du religieux sur le laïque, du pauvre sur le riche, de l’Orient sur l’Occident… Ils ne comprennent la société que comme un terrain de jeu pour des conflits qu’ils nourrissent sans cesse.
C’est à cette aune que nous devons évaluer les diverses provocations de ces entrepreneurs identitaires, qu’il s’agisse de Rokhaya Diallo, Yassine Belattar, Houria Bouteldja ou le chanteur Médine.

Médine, dont la chanson Bataclan, pourtant écrite en 2018, n’est qu’un hymne à sa propre gloire, à sa réussite, oublie volontairement de quoi le Bataclan est devenu le symbole. Les victimes du 13 novembre 2015 sont niées, la salle est banalisée, cannibalisée par l’ego du chanteur. Médine qui appelle à crucifier les laïques dans l’une de ses chansons et qui aujourd’hui affiche son jihâd au fronton de la salle martyre qui a vu massacrer 90 femmes et hommes libres par une horde de sauvages fanatiques islamisés se moque encore de nous en faisant semblant de ne pas comprendre l’indécence de sa démarche. Quand on le voit poser barbu, le sabre servant à réaliser des égorgements formant le J de Jihad, l’air farouche et déterminé du combattant illuminé sur l’album du même nom, on se demande pourquoi vouloir imposer cela aux familles des victimes et à un pays traumatisé. Imaginerait-on un chanteur fan de l’iconographie nazie et aimant mettre en avant les symboles SS organiser un tour de chant à Auschwitz ? Là où plus de 90 personnes ont été tuées au nom d’une idéologie politico-religieuse clairement identifiée, va-t-on inscrire la référence à l’Islam le plus conquérant ? Car choisir le nom de Médine, quand on se revendique d’une foi intégriste, c’est mettre en avant le sabre plus que la paix, la foi qui purifie par les armes plus que celle qui recherche la conversion des cœurs.

Dans ces conditions, non, « The show must go on » n’est pas un viatique indépassable et banaliser l’horreur n’est pas un acte de résilience, c’est une façon de l’accepter et de permettre sa résurgence. Devant la mort, le massacre, la haine paroxystique, la musique n’est pas que réparatrice, ici elle ajoute l’indécence et le mépris à l’horreur.

Médine au Bataclan c’est une profanation et une humiliation pour les victimes et leurs familles comme pour nous, Français qui sommes encore debout. Dans quel autre pays du monde aurait-on accepté qu’un homme proche des islamistes, qui en banalise tous les codes symboliques, soit mis à l’affiche d’une salle où tant de nos compatriotes sont morts à cause de cette idéologie ? Dans quel autre pays du monde aurait-on accepté qu’un des meilleurs soutiens de l’organisation des Frères musulmans en France, vende sa salade de jihad comme « combat contre soi-même » sur les lieux mêmes où la réalité du jihad a montré ce qu’elle était : un souffle de mort, de haine et de feu. Médine nous prend pour des imbéciles, un peu comme un historien révisionniste qui tenterait de faire croire que l’inquisition n’était qu’un travail d’introspection intime mal compris par les contemporains de l’époque. Hélas le jihad, les spectateurs du Bataclan l’ont vécu le 13 novembre. Il avait le goût du sang de leurs proches et le bruit des éclats de rire des assassins quand ils achevaient les blessés.

Alors à Viv(r)e la République nous pensons impossible que ce chanteur se produise sur cette scène et dans cette salle outragée. Cela n’a rien à voir avec la liberté de l’artiste. Des salles où ce chanteur peut s’exprimer il y en a suffisamment sans que nous soyons obligés de supporter ce qui n’est rien d’autre qu’un affront, qu’une violence supplémentaire commise dans un espace symbolique, la volonté de nous dépouiller de toute dignité et d’empêcher tout recueillement. Symboliquement cela ressemble à une profanation : le massacre n’a pas suffi, il faut démontrer qu’il n’y a plus aucune limite et que non seulement l’impensable va se produire mais que ce sera à guichet fermé que certains piétineront le souvenir des morts.

Le groupe Lagardère, propriétaire de cette salle comme son directeur doivent prendre la mesure du symbole. Le Bataclan n’est plus et ne sera jamais plus une salle comme les autres. Elle a une histoire. Si Médine s’y produit, cela ne banalisera pas les lieux. De symbole de la violence jihadiste, la salle deviendra le symbole d’une société tellement en déliquescence que l’on peut en toute impunité cracher sur ses morts.